Le père : « Nos enfants ne nous causent-ils pas tracasserie sur tracasserie ? Tout ce que je dis chaque jour à ma fille Liesgen demeure lettre morte. Mauvaise enfant, fille désobéissante, ah ! quand m’écouteras-tu : cesse donc de boire du café ! ».
La jeune fille : « Père, ne soyez donc pas si sévère ! Si je ne bois pas, trois fois par jour, mon bol de café, alors ma souffrance sera telle que je me dessècherai comme un morceau de rôti de chèvre. Cette douce saveur du café est plus délicieuse encore que mille baisers et plus veloutée que celle du vin muscat. Café, il me faut mon café, et si l’on veut me faire plaisir, alors, que l’on me verse du café ! ».
Le texte original, écrit par Picander, se moque à la fois des jeunes gens entichés du café, et des « vieux barbons » qui se méfient du breuvage ; mais Bach y rajoute un récitatif et un chœur final où Lisette chante « Nul prétendant ne m’obtiendra s’il ne veut faire la promesse que je pourrai me régaler de café » : c’est décidé, elle n’épousera que l’homme qui signera un contrat l’autorisant à boire tout le café qu’elle désire… Tout au long de l’œuvre, la capricieuse Lisette est accompagnée par une flûte langoureuse, alors que pour son père Bach choisit une basse continue (comme obstinée). La conclusion chantée par le chœur pourrait toujours être d’actualité aujourd’hui : « De même que le chat n’oublie jamais la souris, les jeunes filles restent fidèles à leur café. La mère chérit son café, la grand-mère en buvait aussi : qui donc pourrait blâmer les jeunes filles ? »