« Hé la France, prends donc garde : ton café fout l’camp ! », cette phrase de Mme du Barry a beaucoup choqué. Car elle ne s’adressait pas à n’importe qui…
Louis XV était un grand amateur de café, qu’il tenait à préparer lui-même : torréfaction à la poêle, mouture « à l’huile de coude », infusion 10 fois de suite dans de l’eau frissonnante, tout un programme ! En ce 20 mars 1773, il batifole avec sa jeune et belle maîtresse la Comtesse du Barry, et en oublie son café sur le feu. Celui-ci déborde, ce qui donne l’occasion à la Comtesse de lui crier ces mots devenus célèbres. La formule tombe dans des oreilles indiscrètes, et bientôt tout Versailles se moque de la vulgarité de Mme du Barry… et de son royal amant qui se fait mener par le bout du nez !
Que d’indélicatesses !
Si la phrase de Mme du Barry a beaucoup choqué, c’est qu’elle cumule les indélicatesses. Tutoyer le Roi, c’est inconcevable, inadmissible, incroyable ! Quant à le surnommer « la France », quelle grossièreté, encore plus impardonnable dans la bouche d’une favorite royale. L’anecdote va beaucoup contribuer à railler Mme du Barry : née Jeanne Bécu dans les bas-fonds de la capitale, elle n’a en effet de « comtesse » que le nom – et toute la Cour regrette bien le raffinement et la distinction de la précédente maîtresse royale, la Marquise de Pompadour…
Vrai ou faux ?
Mme du Barry venait d’un milieu très simple ? Soit. Mais il était donc encore plus étonnant qu’elle ait pu oser s’adresser de cette façon au Roi – elle en était la favorite, certes, mais elle n’en restait sans doute pas moins assez impressionnée en sa présence. Et Louis XV n’aurait jamais laissé passer un tel manque de respect à son égard ! Or, au milieu du XIXème, un historien découvre dans les livres de comptes d’un fournisseur de Versailles du siècle précédent, la mention d’un certain « La France », valet de Mme du Barry. L’explication est sans doute là : ce n’est pas au Roi que la Comtesse s’adressait aussi familièrement, mais à l’un de ses domestiques qu’elle avait dû charger de surveiller le café. Car c’est bien connu, café bouillu café foutu !